SI L’ON REGARDE MON ÂGE, ON ME CATÉGORISE DANS LA GÉNÉRATION « Y » . « CATÉGORISER » SIGNIFIE CLASSER OU MÊME RANGER DANS UNE CATÉGORIE. NOUS SOMMES DONC, EN THÉORIE, UNE CLASSE À PART ET SELON À QUI L’ON PARLE, NOUS ALLONS SOIT RÉVOLUTIONNER LE MARCHÉ DU TRAVAIL OU Y APPORTER LES SOUCIS DE NOTRE GÉNÉRATION.
Mon évolution
Je travaille pour le même employeur depuis maintenant 9 ans. J’ai débuté en tant que stagiaire. Une fois le stage terminé, la personne qui m’a embauchée a quitté l’entreprise et l’opportunité s’est présentée à moi d’appliquer sur son poste. J’ai mis les efforts nécessaires à faire reconnaître mes connaissances et mes compétences et l’entreprise a su les observer et ensuite les reconnaître. Je suis devenue Conseillère en ressources humaines pour une entreprise qui embauche près de 400 employés.
Est-ce que j’ai ce qu’il faut ?
Durant les années qui ont suivies, j’ai réalisé que les RH est un domaine dans lequel je m’accompli beaucoup. J’ai eu un patron qui était de la génération « baby boomer » pendant près de 8 ans et depuis peu, un patron de la génération « X ». Mes collègues ont en majorité plus de 25 ans d’expérience et/ou d’ancienneté dans l’entreprise.
Il va sans dire que je me suis sentie longtemps comme la nouvelle qui devait apprendre rapidement de mes pairs et répondre à l’appel en situation d’urgences RH. J’ai « disons » évolué à vitesse grand V en termes d’expériences enrichissantes, de partage de plusieurs points de vue sur diverses situations, de participation à divers comités, etc. J’ai réalisé que bien que je me sentais jeune et sans expérience, j’étais écoutée, je pouvais donner mon point de vue et souvent, il était pris en considération.
Enfin, il y a près d’un an, j’ai été promue Directrice des ressources humaines.
Certains se diront, « déjà » ?
Se remettre en question
Est-ce que 8 ans c’est long avant d’atteindre un objectif de carrière ? N’ayez crainte, je me suis posée à plusieurs reprises cette question et bien d’autres. Est-il possible d’avoir des promotions et de l’avancement au sein d’une même entreprise ? Suis-je victime des soucis de ma génération, du besoin de l’avancement rapide ? Devrais-je quitter l’environnement que j’aime pour avoir de l’avancement ?
C’est normal de se poser ces questions, et surtout quand on sait que certains professionnels des générations précédentes ont attendu très longtemps avant d’avoir de l’avancement, alors que le marché de l’emploi n’était pas dans ce que l’on appelle aujourd’hui « le marché du plein emploi ».
Ai-je eu de la chance, suis-je née sous une bonne étoile ?
Confiance
J’ai eu de la chance, peut-être, mais après tout, j’ai aussi fait ma chance. Mon employeur a vu le potentiel que j’avais et suite à des échanges, nous avons convenu d’un plan de formation continu et adapté pour parfaire et développer davantage mes connaissances. J’ai rendu la marchandise à chaque défi qui se présentait à moi. Bien que mon évolution au sein de l’entreprise puisse sembler assez rapide, mon employeur a été clair quand j’ai eu ma promotion.
Cela n’aurait pas été possible d’atteindre cet objectif si je n’avais pas fait mes preuves.
Comme on m’a précisé, peu importe la génération, on a beau être une gentille personne, on a beau avoir un employeur ouvert, il n’en reste pas moins qu’une entreprise ne donne pas la gestion d’un département à qui le veut bien. Aujourd’hui, on me demande de gérer un département, de faire une planification stratégique, de faire grandir l’entreprise à travers des stratégies RH et de développer la marque employeur, entourée d’une équipe formidable.
Les choses se placent d’elles-mêmes avec le temps
Et oui, je suis de la génération « Y ». Et oui, nous faisons face au marché du plein emploi. Et oui, j’ai besoin de conciliation travail-famille, de flexibilité, de donner du sens à mon travail et de demander pourquoi ci et pourquoi ça.
Après avoir atteint presque 10 années d’expérience, je me rends compte que c’est le chemin que j’ai emprunté et ma détermination qui ont fait en sorte que je suis devenue la professionnelle que je suis, à être la personne de confiance et la partenaire d’affaires de choix pour mes collègues.
J’ai certainement beaucoup plus à offrir maintenant qu’il y a 5 ans. Je sens que j’ai pris de la maturité professionnelle, que j’ai adapté un bon rythme de travail, que j’organise mieux mes dossiers et finalement, que je suis prête à recevoir les commentaires constructifs de mon entourage afin de m’améliorer.
Je ne suis pas convaincue que j’aurais pu être aussi résiliente à 25 ans qu’aujourd’hui. Parce que la résilience, la capacité de rebondir après des épreuves (des situations au travail), ça s’apprend avec l’expérience.
Il faut savoir écouter ces « Baby Boomers » et ces « X » parce qu’ils ont un bagage à partager et ce sont eux qui pourront nous faire une place.
En conclusion
Que pourrait-on retenir de mon court témoignage ? J’aimerais surtout encourager les personnes qui ont de l’ambition à ne pas lâcher. Faire confiance au temps et semer les petites graines nécessaires autour de soi. Nos comportements et nos accomplissements sont observés et appréciés par nos prédécesseurs.
Surtout, il faut dès lors ne pas se sentir dans une classe à part, car les classes générationnelles sont des concepts théoriques qui permettent aux gens à mieux comprendre les attentes et les besoins de chacun selon les époques. Il faut apprécier le milieu de travail multigénérationnel.
Ceux d’hier sont ceux qui ont préparé le terrain sur lequel nous marchons présentement, ils sont ceux qui pourront nous donner une chance unique d’acquérir des compétences et d’évoluer, et demain ce sera sur nos traces que les nouvelles générations vont marcher !
Vous de la génération Y, saurez-vous vous prêter au jeu du temps ?
Prédécesseurs, des conseils pour nous, la génération Y ?
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Camille Morin-L’Heureux, C.R.I.A.
Directrice des Ressources Humaines